La réédition du livre d’entretiens avec Daniel Wildenstein occulte la suite, qui n’a rien de reluisant. Voici comment sa veuve spoliée a fini par faire éclater la vérité sur la famille.
«Corruption active et passive». «Blanchiment». «Trafic d’influences». «Abus de confiance». «Faux et usages de faux». «Organisation frauduleuse d’insolvabilité». «Recel». On ne peut pas dire que les chefs d’accusation aient manqué lors des procès intentés au Wildenstein en 2016-2017. L’affaire s’est cependant terminée sur le plan pénal par une relaxation. Plutôt gêné aux entournures, le président de la Cour a eu la phrase mettant tout le monde mal à l’aise. «Cette décision est capable de heurter le sens commun.» La foi dans la Justice aussi, qui n’était déjà pas bien grande. Mais c’est le droit! Si certaines pratiques, notamment sur la déclaration au fisc des trusts étrangers, deviennent aujourd’hui condamnables, c’est grâce à ce qu’on a surnommé en 2011 la«Loi Wildenstein». Et puis, pour d’autres accusations, il existait la prescription. Il faut dire que l’État français a longtemps freiné des quatre fers l’avancée du dossier. Daniel Wildenstein aurait soutenu financièrement la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Reste pendante l’affaire civile. Représentée par Guy Wildenstein, le fils survivant de Daniel, la famille devrait en principe verser une amende de 660 millions d’euros.
"Comment en est-on arrivé là? Par cupidité. En 2001, Daniel meurt. Ses deux fils Guy et Alec font signer à la veuve toutes sortes de papiers, certains écrits en japonais."
Ils l’ont persuadée de renoncer à tout, prétendant qu’il y avait menace de ruine et des ennuis judiciaires pouvant mener à la prison aux Etats-Unis. Deux mensonges. Sylvia découvre l’étendue de sa bévue en réalisant que ses chevaux de course ne lui appartiennent plus. Cette blonde siliconée passe auprès des siens pour une écervelée, incapable de comprendre un chiffre. C’est oublier que sous le nom de Sylvia Roth elle a été sergent dans l’armée israélienne. La lionne se réveille. Elle choisit une avocate peu connue, mais pugnace, Claude Dumont-Beghi. L’entente se révèle parfaite. Une sorte de sororité. Les deux femmes vont se battre ensemble, Sylvia refusant tout accord à l’amiable avec une tribu devenant peu à peu inquiète. Il en ira ainsi jusqu’en 2010 quand Sylvia meurt d’un cancer en faisant promettre à sa coéquipière de continuer la lutte. Alec avait disparu deux ans plutôt. Une dernière joie, sans doute, pour Madame Daniel Wildenstein.
Source: Bilan.ch
Auteur: Etienne Dumont
Photo: Angeli / Pure People